BALLET DE L’OPÉRA DE LYON : Canine Jaunâtre 3

Filet de tennis tendu en avant-scène, tableau de scores et coups de sifflet : la scène est prête pour une compétition… qui n’aura jamais lieu. Revendiquant l’héritage des carnavals de son enfance au Cap-Vert, Marlene Monteiro Freitas préfère dérégler d’emblée l’ordre des choses.

Dans un joyeux collage, les vingt-cinq coéquipiers-danseurs, tous munis d’un identique dossard n°3, corps automates et gueules de dessins animés, sont soumis à des règles et des principes contradictoires. Les uns reprennent du Nick Cave a cappella bras dessus bras dessous, tandis que les autres miment des tirs de mitraillettes sur le thème du Lac des cygnes. À quels matchs, à quel sport assistons-nous alors ? On reconnaît bien certaines disciplines (course, boxe, équitation), même si la pièce en invente d’autres (l’observation d’oiseaux ou le brossage de cheveux). Qu’importe le degré d’insolite, la tension sportive est au rendez-vous.

Faire, défaire, avancer, reculer : ces virtuoses magnifiques sans buts apparents, interchangeables et pourtant parfaitement identifiables, entraînent progressivement l’espèce humaine vers un territoire incertain, où les frontières se brouillent entre l’homme, l’animal et la machine. Ce faisant, servi par des interprètes fabuleux de précision technique et de force d’incarnation, le spectacle fait montre d’une vitalité et d’une drôlerie absolument irrésistibles.