LA PUCE À L’OREILLE

Avec la troupe de la Comédie-Française, la metteuse en scène Lilo Baur s’empare du chef-d’œuvre de George Feydeau. Électrique et déjanté, ce vaudeville porté par d’excellents comédiens s’impose comme un irrésistible festival de drôlerie.
L’intrigue demeure classique : Raymonde Chandebise soupçonne son mari, Victor-Emmanuel, de la tromper. Un colis douteux en provenance d’un hôtel peu recommandable, Le Minet Gallant, lui aurait mis « la puce à l’oreille ». Furieuse et déterminée, elle échafaude un plan machiavélique pour prendre son époux en flagrant délit d’adultère... Mais, puisque l’on est chez Feydeau, tout va partir en vrille : le petit monde bourgeois englué dans ses conventions hypocrites va se détraquer, pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.
À ce jour, La Puce à l’oreille reste l’étalon suprême du vaudeville, pour sa mécanique implacable et ses rebondissements spectaculaires. Le voilà porté à son firmament par la metteuse en scène suisse Lilo Baur et la troupe de la Comédie-Française, avec sa chorégraphie d’orfèvre et son esthétique délicieusement vintage. Dans un décor sixties joliment travaillé, Serge Bagdassarian, Sébastien Pouderoux, Clotilde de Bayser et les autres mettent tout leur talent et toute leur folie au service de cette machine de guerre du rire. Ici, le vaudeville s’impose comme du très grand art, peut-être l’un des plus nobles.